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12 juillet 2021 1 12 /07 /juillet /2021 11:26

  La série norvégienne de 2015 en 3 saisons, dont 2 accessibles en Français, est un thriller politique imaginé par le maitre du polar norvégien Jo NESSO. Elle se veut une relation des réactions - collaborations et résistances - suscitées dans une société moderne par l'invasion venue d'un pays plus puissant.

    Ayant décidé de stopper l'exploitation de son pétrole, la Norvège est envahie "pacifiquement" par la Russie, avec la bénédiction de l'Union européenne. Dans le pays occupé, le chaos menace. La population est dévorée par la peur de la guerre. Collaboration aveugle (de la part des dirigeants) ou résistance sanglante (notamment par des éléments de l'armée) sont les deux extrêmes dans une zone grise ou chacun cherche des marques. Comment faire confiance et à qui? Les scénaristes et les réalisateurs de cette fiction explorent les convulsions d'un nation européenne en crise et bousculent toutes les conventions du genre.

   Bien entendu, l'ambassade de Russie en Norvège a protesté contre la diffusion de la série, même si ses auteurs disent avoir choisi ce contexte seulement en fonction de l'actualité : l'invasion de la Crimée par la Russie, possible prélude d'une nouvelle guerre froide. C'est surtout l'arrière fond de la crise climatique qui les intéresse en même temps que cette interrogation sur les réactions d'une population en arrière-fond. C'est parce que les dirigeants danois remettent en cause le modèle pétrolier que les oligarques russes et européens réagissent en laissant faire la Russie. Si la première saison met bien en relief ce contexte (centrale au thorium contre pétrole), la deuxième met plutôt en avant les méandres politiciennes de la situation. Nous n'avons pas visionné la troisième saison, pour donner un sentiment définitif sur la série.

   La série n'a pas connu un énorme succès à l'audience, alors qu'elle est une des séries norvégiennes les plus coûteuses produites ces dernières années, et en novembre 2017, la chaîne de télévision TV2 hésitait à donner son feu vert pour une troisième saison.

   Diffusée tout de même dans une dizaine de pays (sur ARTE en France), renouvelé en février 2018 pour cette troisième saison, elle figure parmi les séries nordiques n'hésitant pas à s'attaquer à des problèmes contemporains avec une vision critique du monde politique.

  Ajoutons en cette année 2022 qu'il y aurait une certaine cruauté mentale à rapprocher les critiques de l'ambassade russe en Norvège de la réalité de la guerre en Ukraine... Car tout de même, il y a bien des éléments dans cette série (qui apparait avec le temps... minimaliste) qui rappellent des choses : la place des énergies pétrolières et gazières, la place des grands oligarques, une certaine intransigeance russe, le rôle des industries d'armement, le piège de la numérisation à un point qu'on ne sait plus qui manipule qui, le rôle des médias, les tensions entre industries de l'énergie et États qui obéissent à des logiques contradictoires... Bien entendu la place de l'OTAN (que les États-Unis ont quitté) n'est pas du tout la même (et même pas du tout du tout!). Sans doute, la Russie n'entend pas occuper l'Ukraine en mars, chose qu'elle ne disait pas en février (dénazifions, disait Poutine, ce Hitler d'une possible guerre mondiale, chassons ce gouvernement nationaliste, remplaçons-le par un gouvernement correct aux critères dictatoriaux...)

 

Occupied (Okkupert), réalisation Erik SKJOLDBJAERG, John Andreas ANDERSON, Pâl SLETAUNE, Erik Richter STRAND et Eva SORHAUG, Production Yellow Bird Norway, Gétévé Productions, épisodes de 45 minutes, 18 épisodes pour les deux premières saisons, diffusion en 2015.

 

Relu le 23 mars 2022

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17 novembre 2020 2 17 /11 /novembre /2020 09:48

   Peu de documentaires et encore moins de films de diction sont consacrés aux enjeux, aux buts, aux événements, aux causes et aux conséquences économiques de la première guerre mondiale. Citons simplement le documentaire français Du coffre-fort à la dette, de Marie Laurence DELAUNAY, survol instructif de la situation économique et financière de l'Europe autour de la Grande Guerre. D'une position financière internationale de premier plan avant la guerre, la France passe, avec le reste de l'Europe d'ailleurs, à une situation d'endettée et de ruinée. Le traité de Versailles ressemble à cet égard à un sauve-qui-peut financier, tentant de faire de l'Allemagne la payeuse alors qu'elle est bien plus meurtrie que ses voisines sur le plan financier... On complètera utilement ce survol par la lecture attentive de livre-somme de Georges-Henri SOUTOU, plus consacré aux buts de guerre économique de la Première Guerre mondiale, décrivant précisément les grandes manoeuvres d'une guerre qui fut aussi une guerre économique, entre lutte industrielle, blocus et diverses manipulations commerciales, où les complexes militaro-industriels européens ne jouent pas le seul grand rôle. Changeants, différents suivant les pays, ces buts de guerre  ne sont pas seulement de contrôler ressources et matières premières. Il y a derrière, et le traité de Versailles en est l'expression pour les pays victorieux, des projets économiques divergents en Europe, entre libéralisme et étatisme. Les milieux économiques ont une influence au moins aussi grande sur le déroulement des événements que les mouvements des armées.

 

Du coffre-fort à la dette :

 

L'or et le sang :

 

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11 novembre 2020 3 11 /11 /novembre /2020 10:02

   A la suite de la guerre de mouvement des armées allemande et alliées, elles s'enterrent face à face dans des tranchées sans parvenir à des conquêtes ou reconquêtes décisives de terrain. Bloquées, elles tentent ds "sorties" très coûteuses en hommes, dans des souffrances sans noms qui font revenir tous les soldats de leur enthousiasme du début de la guerre. Ferveurs patriotiques et bravoures guerrières sont remplacées par toute une gamme de sentiments négatifs par rapport à la guerre, par rapport à l'arrière, par rapport aux commandants qui aboutit plus tard à des mutineries. Le même phénomène se produit à l'Est entre Allemands et Russes, au Sud entre Italiens, Serbes et Austro-hongrois, et au Sud-Est, au Moyen-Orient entre Alliés et Turcs... Si à l'Ouest, c'est sur quelques 600 kilomètres que ces tranchées s'étendent, à l'Est, c'est presque sur 1 700 kilomètres... Une véritable vie et mort des tranchées s'installe et le poilu devient la figure emblématique de la première guerre mondiale...

  Très tôt après la guerre et pendant la guerre elle-même, films et documentaires rapportent, racontent cette vie et cette mort.

 

Côté films

- A l'Ouest, rien de nouveau (Lewis MILESTONE, 1930), ce film américain raconte l'histoire de Paul BAÜMER et de ses amis de classe d'un lycée qui décident de s'enrôler volontairement pour répondre aux harangues de leur professeur qui les exhorte à défendre la patrie et à se couvrir de gloire. Les uns enthousiastes, les autres ne voulant pas se singulariser. Bien vite, les adolescents découvrent qu'il n'y a pas que des bons côtés à la guerre : discipline absurde, désorganisation du front, sous-alimentation, attente insupportable sous les bombardements meurtriers et pertes énormes lors des assauts. les médecins manquent et les blessés, s'ajoutant aux morts, finissent par mourir. Au retour de Paul, après trois années au front, le professeur qui a convaincu ces jeunes à partir pour la guerre est en train d'en motiver d'autres. Paul lui déclare qu'il n'y a pas de bons côtés à la guerre et dit aux jeunes présents de ne pas écouter le professeur. Puis il retourne au front, devenu sa seule raison d'être. Le film, de 152 minutes dans sa version originale, de 133 minutes dans sa version restaurée est souvent présenté en DVD dans une version courte de 99 minutes. Il a été interdit seulement une semaine après sa sortie, en décembre 1930 en Allemagne, sous pression des Nazis.

- A l'Ouest, rien de nouveau (Delbert MANN, 1979), deuxième adaptation du roman éponyme de Erich Maria REMARQUE.

- Au service de la gloire (Raouk WALSH, 1926), film américain muet qui raconte les parcours de deux militaires américains envoyés en France et combattant dans les tranchées, qui tombent amoureux de la même jeune femme. 116 minutes

- Charlot soldat (Charles CHAPLIN, 1918), film muet en noir et blanc de 46 minutes, comédie burlesque qui caricature dans sa première partie la vie des tranchées. Le ton comique de ce film, où Charlot dans sa deuxième partie capture le Kaiser, n'est plus réellement bienvenu de nos jours, vu les réalités sinistres de la vie du soldat...

- La dernière tranchée (Adrian POWERS et John Earl, 2013), film australien de 95 minutes, raconte l'histoire en 1916, de la vie de soldats dans une tranchée britannique dans l'Est de la France. L'ordre est donné de traverser le no man's land, pour prendre la tranche allemande. Les soldats sont abondamment mitraillés dès qu'ils sortent de la tranchée. Aucun soldat n'atteint la tranchée adverse. Seuls trois soldats ont survécus à l'assaut. L'un d'eux est gravement blessé et ne peut plus marcher. Ils se cachent dans les cratères boueux du no man's land. Ils doivent arriver à se replier vers leur tranchée, car l'artillerie britannique va bientôt pilonner la zone. De la tranchée allemande, un tireur d'élite les repère et leur tire dessus.

- La peur (Damien ODOUL, 2015), film franco-canadien réalisé à partir du roman homonyme de Gabriel CHEVALLIER (1930), raconte l'histoire de Gabriel, jeune conscrit qui rejoint le front en 1914. Il vit l'enfer des tranchées et connait la peur qui ravage tous les soldats. Sorti vivant de cette terrible expérience, pleine de fureur et de sang, il découvre sa propre humanité. D'une durée de 93 minutes, le film, a été tourné en français et en occitan, la langue maternelle des soldats originaire du tiers sud de la France.

- La tranchée, film franco-britannique de 1999 réalisé par William BOYD, brosse un portrait de la vie des soldats anglais dans les tranchées de la Première guerre mondiale. Il peint la gestion de l'ennui, la peur, la panique et l'agitation. Le personnage principal et son frère se sont portés volontaires.

- La tranchée des espoirs, téléfilm français de Jean-Louis LORENZO, de novembre 2003, conte l'expérience des soldats français et allemands, qui, n'ayant plus de contact avec leurs état-majors respectifs, fraternisent au front. D'une durée de 110 minutes, ce téléfilm est considéré comme une suite TV de L'Orange de Noël de 1996 du même réalisateur.

- Les croix de bois, film français de 110 minutes de Raymond BERNARD, sorti en 1932, est une adaptation du roman du même nom de Roland DORGELÈS (paru en 1919). Inspiré de l'expérience vécue par son auteur durant la première guerre mondiale, le film comme le roman racontent le quotidien des soldats de l'armée française pendant cette guerre. Un étudiant en droit s'engage pour en découdre avec l'envahisseur allemand. La ligne de front paraît stagner en Champagne. Terré dans les tranchées, chaque camp attend l'ordre de passer à l'offensive... Par son sujet et son trairement, ce film se rapproche de La grande parade de King VIDOR ou de A l'Ouest, rien de nouveau. Charles VANEL, Raymond AIMOS, Jean GALLAND et Pierre BLANCHAR, acteurs dans ce film, ont réellement combattu durant la Grande Guerre, tout comme la majorité des acteurs et des figurants. Les décors sont des tranchées remises en état pour le tournage.

- Les hommes contre, film italo-yougoslave de Francesco ROSI, sorti en 1970, relate en 101 minutes un épisode du conflit italo-autrichien lors de la première guerre mondiale. Tiré du roman d'Emilio LUSSU, le film fut l'objet à sa sortie de polémiques et d'un procès (pour dénigrement de l'armée). Un jeune et idéaliste lieutenant parti la fleur au fusil, est mêlé aux carnages de la guerre de position. Toutes les tentatives de regagner une position se soldent par des échecs, y compris la dernière où l'appui d'artillerie enfin accordé par l'état-major massacre la vague d'assaut des fantassins... Soucieux du sort de ses hommes, l'officier s'élève contre les décisions de la hiérarchie militaire et est fusillé comme insoumis.

- Men of Honor ou Journey's end au Québec, film britannique de Saul DIBB de 2017, adaptation de la pièce de théâtre de Robert Cédric SHERRIF (1928), conte en 107 minutes l'aventure en mars 1918 d'un petit groupe de soldats dans les tranchées de l'Aisne. Un lieutenant de 18 ans rejoint ces hommes qui attendent la mort, dirigés par un ami d'enfance, perturbé par la guerre.

- Quatre de l'infanterie (Westfront 1918), film allemand de Georg Willhelm PABST (de 93 minutes), sorti en 1930 retrace la vie et la mort de quatre fantassins allemands sur le front français lors des derniers de la guerre, en 1918. Le film, à peine dialogué et aux bruits d'une grande intensité dramatique, possède un grand impact émotionnel. Il fut interdit par GOEBBELS, ministre de l'information, en 1933.

- L'enfer sous terre, film britannique de John WATTS, évoque une partie des événements de juillet 1916, où après la bataille de la Somme qui fit 20 000 morts côté britannique, l'état-major confie à une équipe de mineurs la mission de placer une bombe sous les tranchées allemandes. Le creusement du tunnel pour déposer la bombe y est décrit de façon très réaliste. D'une heure 36, le film de 2020 est l'un des derniers à raconter le vécu de la guerre des tranchées.

 

Côtés documentaires

  C'est à une foison de documentaires que l'on a affaire sur Internet, notamment à travers YouTube. Malheureusement peu élaborés, peu travaillés et il faut le dire paresseusement présenté, ces documentaires d'archives centrés sur les tranchées, souvent courts, n'apportent que peu d'informations sur les réalités de la guerre de position, même du point de vue des poilus. Il faut plutôt alors préférer des documentaires dans lesquelles figures ces informations spécifiques sur la vie et la mort des soldats, leurs conditions de vie, la justification des combats et leur réalité (un mélange d'incompétence et de mépris pour la vie des fantassins), l'expérimentation d'armes de toute sorte... documentaires généraux sur la première guerre mondiale.

 

 

Signalons tout de même ce documentaire en 4 parties, conçu exclusivement à partir d'archives de l'INA, de la radio blege ou des Laut Archiv de l'Université de Berlin. A travers les voix des protagonistes d'époque ou de témoignages recueillis dans les années 1950 et 1960. Réalisé pour France Culture, par Perrine KERVRAN, LSD, la série documentaire.

Signalons encore, ces trois DVD consacrés à la guerre des tranchées, dans le fil droit d'une évolution cinématographique depuis le début des années 2000 vers le vécu des combattants à rebours d'une tradition accordant toute son attention aux plans des états-majors. Présentés dans un coffret Grande guerre 14-18, non seulement ils racontent le vécu des poilus au plus près de témoignages et de lettres, mais ils font comprendre l'existence dès le début (noël 1914) de fraternisations entre Français et Allemands : face à face, hors de manoeuvres qui impliquent mouvements incessant plaçant les troupes ennemies dans un combat incessant et parfois distant, dans des positions figées à quelques mètres les uns des autres, les soldats oublient la propagande faisant des autres des brutes sauvages, et considèrent plutôt leur réelle situation : au front, contrairement à l'arrière et aux états-majors, avec des ouvriers, des paysans ou des intellectuels semblables à eux-mêmes....

 

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Complété le 12 novembre 2020

 

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6 novembre 2020 5 06 /11 /novembre /2020 07:02

   Plus encore que pour la seconde guerre mondiale, la première est l'objet de commémorations importantes dans de nombreux pays. Dès le départ, juste après la fin de la guerre, de nombreux cimetières et monuments sont construits, la grande majorité de ces derniers rappelant surtout le nombre et le nom des tués aux combats, morts pour la France en ce qui concerne ceux de notre pays... Le renouveau relativement récent de l'historiographie met en évidence à la fois les oublis et les occultations de cette histoire : glorification et mortification prenant le pas sur la réflexion raisonnée et le rappel des faits... peu glorieux. Le rôle des propriétaires des usines d'armement, les manoeuvres des financiers et des autorités monétaires, la situation sur le terrain, les erreurs manifestes des états-majors devant cette guerre industrielle (qui avait pourtant un grand précédent aux États-Unis pendant la guerre de Sécession)... tout cela a le mérite de mieux comprendre les causes, le déroulement et les conséquences de la première guerre mondiale... Rassembler le peuple autour d'un souvenir commun ne suffit pas, encore faut-il que ce soit au service de la vérité historique et qu'on en tire les enseignements nécessaires...

 

Nous mentionnerons tout d'abord un documentaire et un film : 14-18, des hommes dans la tourmente, et surtout Le sang des autres, où s'expriment de nombreuses personnes, qui, officiellement ou pas, entretiennent le souvenir d'une guerre, à un moment où les peuples se questionnent précisément sur leur avenir... Au revoir Là-haut, un film de fiction français d'Albert DUPONTEL, autour de la frénésie de construction de monuments aux morts au sortir de la guerre, occasion de multiples arnaques et escroqueries, avec des personnages débordants de flagornerie...

- 14-18, Le sang des autres :

 

- Au revoir, là-haut :

 

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20 octobre 2020 2 20 /10 /octobre /2020 12:21

   Alors que maints efforts sont consacrés à exploiter les archives de la bataille de Verdun, peu de films et documentaires sont consacrés à ces quatre batailles menées par les belligérants autour de la ville d'Ypres (Belgique). Les quatre batailles d'Ypres - la première plus connue sous le nom de bataille des Flandres en 1914 qui clôt la course à la mer des armées allemande et alliées ; la seconde en avril-mai 1915, deuxième tentative allemande de prendre la ville, celle où furent utilisés la première fois les gaz de combat toxiques ; la troisième, appelée encore bataille de Passchendaele, en juillet-novembre 1917, nommée encore deuxième bataille des Flandres ; la quatrième encore appelée bataille de la Lys ou d'Estaires, une partie de l'offensive allemande pour reprendre Ypres en avril 1918 - font de cette ville un enjeu majeur, verrou pour l'entrée en France par le Nord des troupes allemandes. Toutes soldées par une victoire des Alliées, elles furent particulièrement coûteuses en vies humaines.

 

- Le documentaire belge The Salient, sous-titré parfois Ypres, la bataille de la dernière chance, de 2015, réalisé par Luc CUYYERS, avec Ranulph FIENNES comme narrateur, structuré comme un requiem, montre des deux côtés, les différentes horreurs commises par les états-majors. De 84 minutes et en couleur

- La bataille de Passchendaele, film canadien sorti en 2008, de l'auteur-réalisateur Paul GROSS, parle de l'histoire d'un soldat, grand père de ce dernier, appartenant au 10e bataillon du corps expéditionnaire canadien durant cette bataille. Renvoyé à la maison pour cause de neurasthénie, il rencontre une infirmière, Sarah MANN, à Galgary, ville où il s'était engagé. C'est pour protéger le frère de celle-ci, manipulé par un officier-recruteur, que Michaël DUNNE se réengage et participe à cette bataille, et y laisse d'ailleurs la vie en ayant réalisé la mission qu'il avait promis de remplir. Doté de gros moyens, subventionné par le gouvernement albertain, le métrage de 114 minutes retrace bien l'ambiance au Canada et la nature des combats dans les tranchées. Il a été accueilli par les critiques de façon disparate en moyenne.

 

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13 octobre 2020 2 13 /10 /octobre /2020 12:37

   La filmographie sur la première guerre mondiale se concentre encore sur quelques batailles, souvent en France, mais a le mérite d'éclairer certains aspects non européens, notamment aux Moyen-Orient et autour du rôle de la Turquie. Ainsi la bataille des Dardanelles, ou la bataille de Gallipoli concentre-t-elle l'attention de cinéastes, le nationalisme de l'Australie et de la Turquie valent bien celui de la France ou de l'Allemagne, avec, de plus, une intensité accrue par la jeunesse de l'accession à l'indépendance ou à l'autonomie... Ils montrent le même acharnement des états-majors à défendre une conception désuète de la guerre face aux changements technologiques, notamment du côté des Alliés. Rappelons ici seulement que la campagne des Dardanelles qui opposa l'Empire Ottoman aux troupes britanniques et françaises dans la péninsule de Gallipoli dans l'actuelle Turquie se déroule du 18 mars 1915 (débarquement des troupes alliées le 25 avril après une tentative de contrôler les Détroits) au 9 janvier 1916 (fin du repli allié après une défaite sanglante).

 

- Gallipoli (la bataille des Dardanelles) (titre original Gelibolu), documentaire turc diffusé en 2005, de Tolga OMEK (distribution Too Cool Production & Distribution), avec la participation de Zafer ERGIN, Demetri GORITSAS et Jeremy IRONS, retrace en toute objectivité la bataille des Dardanelles, le deuxième plus grand débarquement de l'histoire mondiale, grâce à des lettres, photographies et documents alors inédits. Le film relate les conséquences de cette bataille sur l'histoire mondiale, les souffrances, les émotions éprouvées par les soldats des différentes nationalités qui ont combattu. Les dix caractères marquants du film ont été inspirés à partir de documents originaux, lettres et journaux intimes écrits par des soldats au cours de cette bataille; deux Anglais, trois Néo-Zélandais, trois Australiens et deux Turcs.

 

  Côté documentaire toujours, on peut se référer au DVD de la série Encyclopédie de la grande guerre, de CB-NEW, avec les commentaires de Pierre MIQUEL, La guerre dans les Balkans, au chapitre 1 . Les Dardanelles. Mais c'est peut-être moins bien mis en perspective côté turc, étant plutôt dans le compte-rendu des difficultés des alliés dans les Balkans, lesquels se trouvèrent surpris (ils croyaient y trouver un point faible) et défaits...

 

Côté films :

- Gallipoli, la bataille des Dardanelles, diffusé en 2013, film turc de Kemal UZUN, Serdar AKAR et Ahmet KARAMAN, avec Gürkan UYGUN, Berrak TUZUMATAC, Mahir GUNSIRAY, relate l'histoire en 1915 de deux frères qui se retrouvent en plaine bataille, l'un des événements les plus sanglants de la Première Guerre mondiale. Pourront-ils y survivre et ne pas se retrouver séparés l'une de l'autre sont les deux question à suspens du film...

 

- Gallipoli, film sorti en 1981, réalisé par Peter WEIR, avec Mel GIBSON, En 110 minutes, le film raconte l'histoire de deux amis australiens qui s'engagent en mai 1915  par bravade patriotique pour aller combattre. Ils se retrouvent à Gallipoli où ils découvrent les horreurs de la guerre au cours de la bataille. Notamment, ils doivent composer avec un commandement borné et incompétent qui les envoie sciemment à la mort. C'est-à-dire que les autorités militaires n'avaient pas compris que la vaillance des fantassins ne pouvaient pas grand chose contre les nids de mitrailleuses et les envoyaient s'élancer des tranchées en musique et fanfare, tout comme leurs homologues du large front de l'Ouest en France.

 

- Parmi les premiers films qui racontent la bataille des Dardanelles, citons le métrage britannique Tell England, de 1931, réalisé par Anthony ASQUITH et Geoffrey BARKAS. Il relate l'engagement de deux jeunes hommes lors de la première guerre mondiale, et notamment leur participation à la cette bataille. Le film en noir et blanc d'une durée de 80 minutes, avec entre autres acteurs Carl HARBORD et Tony BRUCE, fut critiqué à sa sortie pour son apparente glorification de la guerre, malgré les dénégations de ses auteurs. Anthony ASQUITH, dont le père était premier ministre au moment de la bataille, s'en défend en voulant montrer la réalité du vécu des soldats, bien plus efficace dans la propagande anti-guerre que de les voir comme des brutes saoules. A voir surtout pour la vision de la guerre 14-18, bien plus contrastée qu'on veut bien l'écrire, dans les années 1930...

 

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Complété le 24 octobre 2020

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6 octobre 2020 2 06 /10 /octobre /2020 16:49

   Si peu de documentaire et de films sont consacrés aux combats aériens et à l'activité (surtout de reconnaissance du terrain au sol) des différentes aviations, c'est qu'ils ne sont guère décisifs dans les batailles et que l'aviation (encore tout en bois et toiles), malgré une accélération notable sur le plan technique tout au long de la guerre, n'en est véritablement qu'à ses débuts. On pourrait écrire, en regard des lenteurs d'acquisition par l'aviation militaire d'une place importante dans le déroulement des opérations, que les techniques pour filmer ce qui se passe au sol et dans les airs ont par contre pris des avancées importantes, ce qu'en témoignent les images recueillies pendant toute la guerre.

 

- Wings (Les Ailes); film muet de 1927, est le premier d'une longue série de longs métrages sur l'aviation. Longtemps considéré comme perdu, il a été retrouvé à Paris en 1992. Restauré, il est parfaitement visible aujourd'hui. Il relate l'histoire de deux amis, pilotes pendant la première guerre mondiale, qui ne tardent pas à s'entredéchirer sur fond d'histoire d'amour impossible et d'évènements tragiques. Le film met à l'honneur des avions tels que des Thomas-Morse MB-3, des SPAD et des Curtis P-1 Kawks. Cette oeuvre a littéralement lancé le cinéma d'aviation

 

- Les As de ciel, chronique de la première guerre des airs, réalisé par Raoul FOX pour la compte de l'Office national du film du canada, de 92 minutes environ, sorti en 1994,  est un film-hommage aux 10 000 aviateurs canadiens qui ont combattu en Europe lors de la Première guerre mondiale. Les As du ciel montre, au moyen d'un récit narratif et à l'aide d'archives, autant les sacrifices que les exploits remarquables de ces pilotes de combat affectés, depuis l'Angleterre, à des missions d'observation, de reconnaissance, de défense et de chasse. Avec des détails liés à des souvenirs précis, qui ne négligent ni l'émotion de la défaite ou de la victoire, ni l'esprit de camaraderie, ni la passion de l'aéronautique, ni le courage d'affronter la mort, ni l'absurdité de la guerre.

 

- La fin du voyage, film britannico-américain réalisé par James WHALE dont c'est le premier long métrage, sorti en 1930, de 120 minutes, en noir et blanc, avec Colin CLIVE et Ian MACLARAN est l'un des grands films de l'entre-deux-guerres mondiales consacré à la guerre aérienne. Il fait l'objet d'un remake en 1976, Le Tigre du ciel.

 

- Le Tigre du ciel (Aces High), film britannique de 114 minutes, de Jack GOLD, décrit l'activité d'un jeune officier frais émoulu sur le front, où l'espérance de vie des pilotes n'est pas très élevée. Avec Malcolm MCDOWELL et Christopher PLUMMER dans les rôles principaux. Ace Hight est aussi un film sur la futilité de la guerre et le peu de valeur d'un homme qui a le mérite d'avoir une brochette de personnage forts et de ne jamais tomber dans les facilités mélodramatiques. Le script est inspiré très librement de "journey's End" (1926), fameuse pièce de théâtre de R.C. SHERIFF sur la première guerre mondiale. Contrairement à la pièce, il n'y a pas de tranchées dans le film, et que ce dernier est plutôt inspiré d'un livre de Cecil LEWIS, "Saggitarus Rising"... Le film comporte de belles scènes de combats aériens qui furent d'ailleurs un véritable cauchemar à filmer... Le DVD, en tête des deux "affiches" consacrées au film ci-dessous, est de 2015, et comporte comme bonus des interviews avec le réalisateur Jack GOLD et l'acteur Malcolm McDOWELL. (site cinemaderien.fr)

 

- S'inspirant de l'as allemand de la Première guerre mondiale Ernst UDET, futur général de la Luftwaffe, le personnage d'Ernst KESSLER incarné par Bo BRUNDIN dans La Kermesse des Aigles, film américain réalisé par George Roy HILL, sorti en 1975, est le seul lien avec la première guerre mondiale de ce film qui évoque la vie de pilotes dans les années 1920, anciens "héros de la grande guerre", et leurs diverses et difficiles reconversion professionnelles. Pour la petite histoire, mais c'est révélateur de la formation des pilotes qui eurent à combattre lors de la Grande Guerre, Ernst UDET, ami personnel d'Hermann GOERING, lui-même "héros" national, vécu aux États-Unis dans l'entre-deux-guerres, où il fit de nombreuses démonstrations de voltige aérienne. Certaines des techniques expérimentées alors serviront de bases à l'entrainement des pilotes allemands du fameux bombardier en piqué JU87Stuka...

 

- Le Baron rouge, film américain de Roger CORMAN sorti en 1971, relate l'activité en 1916, dans la France occupée, du baron Manfred von RICHTHOFEN (incarné par John Phillip LAW), à la tête d'une escadrille de chasse allemande, opposé à son rival, l'as canadien Roy BROWN. Ce film "colle" plus à la réalité que le suivant, qui l'ignore d'ailleurs, réalisé en 2008.

- Baron rouge, film germano-britannique réalisé par Nikolai MÜLLERSHÖN, de 2008 donc, est bien plus spectaculaire que le premier, malgré la mise en scène d'une vie romanesque fausse et une vision "humaniste" du personnage principal. Le plus célèbre pilote et le plus craint de l'armée de l'air impériale allemande est tellement passionné d'aviation qu'il en oublierait que l'Europe est en guerre. Dans le film, quand il tombe amoureux de la belle infirmière Käte, il réalise que son image est utilisée à des fins de propagande. Il doit alors faire un choix entre son dégoût pour la guerre et son sens du devoir. Ce dilemme ne parait pas avoir eu lieu dans la réalité et s'il n'aurait pas été abattu en avril 1918, il aurait certainement continué à valoriser l'image de l'armée (selon son propre Journal). De 100 minutes, ce film de guerre montre de manière réaliste les combats aériens, ses difficultés et la forte vulnérabilité de l'aviation à ce moment-là. L'allemand Joachim CASTAN a écrit le livre sans doute le plus complet sur le baron rouge et son mythe de chevalier du ciel (une belle construction de la propagande allemande), malheureusement non traduit en français. On peut se référer à Stéphane KOECHLIN, La légende du baron rouge : récit (Fayard, 2009).

- Un documentaire rétablit assez bien la réalité historique, celui de Peter MOERS, Le Baron rouge, Manfred von Richthofen (Allemagne, 2015)

 

- Signalons un DVD de la série documentaire de CBS NEWS sur la première guerre mondiale, Les as des l'aviation, évoqués d'ailleurs seulement sur une partie des quelques cinquante minutes. Terriblement daté, et le commentaire français de Pierre MIQUEL n'arrange rien, les archives présentées, issues directement de la propagande allemande ou alliée, sont axées sur les aviateurs et ne donnent pas une idée très exacte de la réalité pendant la Grande Guerre. Le développement des possibilités d'une aviation de bombardement et de combat évoqués ne "décollent" réellement que vers sa fin. D'ailleurs le film ne présente pas réellement un bilan des opérations et se contente d'égrener les performances humaines et techniques.

   

 

Complété le 28 mars 2021

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30 septembre 2020 3 30 /09 /septembre /2020 08:17

   A bon droit, une grande partie de la filmographie de la première guerre mondiale est consacrée à la bataille de Verdun (1916). Mais on peut regretter que d'autres batailles n'aient pas le même traitement, comme on peut regretter que l'immense majorité des films et documentaires ne traitent que du front occidental. Traiter du front de l'Est demande sans doute de faire une part très grande à la révolution bolchévique et à ses conséquences d'une part et ouvre la voie à une intense vision critique de la société tsariste d'autre part (tellement la situation paraitrait caricaturale à des yeux trop complaisants envers la monarchie ou le capitalisme...).

  Malgré la censure militaire qui interdit de trop s'appesantir sur les cadavres parsemant les champs de bataille, la filmographie du moment sur la première guerre mondiale est très abondante, singulièrement sur Verdun. C'est un moment important de mobilisation de la propagande par l'image, encouragé par les armées, en direction surtout  de l'arrière, pas seulement à coup de documentaires mais beaucoup aussi de fictions.

Un certain nombre de documentaires disponibles actuellement reprennent ces images, archivées surtout dans les centres cinématographiques des différentes armées, tournées sur les champs de bataille directement ou faites de reconstitutions après-coups, réalisées surtout dans les années 1920, ou tournées à l'arrière, notamment dans les grandes villes ou chez de riches particuliers.

- Verdun, ils ne passeront pas, un film de 84 minutes en noir et blanc, de Serge de Sampigny (2016), avec le soutien de ECPAD. Il nous fait revivre par des archives rares et ressorties en haute définition l'affrontement que se sont livrées les armées, en utilisant des reconstitutions tournées dans les années 1920, en ayant recours à de nombreuses images de synthèse animées qui restituent la topographie du champ de bataille. Diffusé par la chaine ARTE

- 1914-1918 - Mourir à Verdun, un film français de William KAREL, de 1996, d'une durée de 52 minutes. Ce métrage, réalisé grâce aux récits des survivants de cette terrible bataille et des images inédites, constitue un hommage aux Poilus de Verdun.

- Verdun, un film d'une heure 20 minutes en noir et blanc de Daniel COSTELLE, de 1966, qui renouvelle l'exercice dans Apocalypse, Verdun, une version colorisée, sonorisée et commentée. Produit alors par Jean-Louis GUILLAUD et Henri de TURENNE, sous l'égide de l'Office national de radiodiffusion télévisée.

- Verdun, visions d'histoire, film réalisé par Léon POIRIER, produit par Carlotta Films/La cinémathèque de Toulouse, en 2006, disponible en 2 DVD d'une durée totale de 2 heures 31 minutes. En 1928, dix ans après la fin de la première guerre mondiale, Léon POIRIER fait une reconstitution cinématographique de la bataille de Verdun. Son film, muet, avec des intertitres et un accompagnement au piano, déroule une trame fictionnelle à laquelle se juxtaposent de nombreux documents d'archives = séquences d'actualités cinématographiques, documents de l'Établissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense (ECPAD) tels que notes manuscrites, cartes d'état-major, affiches. Des survivants de Verdun, anciens combattants ou civils, participent à la réalisation du film. Léon POIRIER utilise leurs récits, leurs lettres. Les DVD contiennent aussi trois documentaires : Restaurer Verdun (13 minutes) de Gilles CORRE, Visions de Verdun (18 minutes) et La Revanche des Français devant Verdun, octobre-décembre 1916 (29 minutes) réalisées par le Service cinématographique des armées.

- Dans les tranchées, l'Afrique : l'aventure ambigüe; un film de Floriad SADKI, produit par France 3 Lorraine Champagne Ardenne, en 2003. Pendant la première guerre mondiale, l'armée française manquant de soldats, enrôla 136 000 Africains dans ses rangs. Le film retrace les principales opérations militaires françaises, sur le front occidental, en soulignant cet aspect parfois méconnu. Pendant la bataille de Verdun, de nombreux tirailleurs sénégalais périrent. Il évoque le courage de ces soldats, le mode de recrutement en Afrique, l'ambigüité du discours colonial républicain oscillant du paternalisme au goût de l'exotisme.

- Verdun, Souvenirs d'histoire, 1931, noir et blanc, 115 minutes, de Henry WULSCHLEGER, production Pathé. Il s'agit d'une adaptation au film parlant de l'oeuvre muette de POIRIER, Verdun, visions d'histoire.

 

- Apocalypse, Verdun. Sans doute la plus récente production sur ce sujet.

 

  Comme d'habitude, on ne peut pas en rester à la vision de documentaires, aussi bons soient-ils. On conseillera, parmi une littérature plutôt abondante, Allain BERNÈDE, Verdun 1916 : un choix stratégique, une équation logistique, dans Revue historique des armées, n°242, 2006. Malcolm BROWN, Verdun 1916, Paris, Perrin, 2006. Alain DENIZOT, Verdun, 1914-1918, Nouvelles éditions latines, 1996. Signalons la vision de Philippe PÉTAIN à l'époque, avec une préface de Bénédicte VERGEZ-CHAIGNON, La bataille de Verdun, Perrin, tempus, 2015.

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28 septembre 2020 1 28 /09 /septembre /2020 14:50

  A l'occasion de différentes commémorations, diverses éditions de documentaires à destination du grand public apparaissent, que ce soit sous forme de DVD ou en ligne (Internet), plus rarement au cinéma. A l'exception de certaines oeuvres (par exemple Apocalypse), il s'agit de matériels un peu bricolés à partir d'archives diverses (et souvent les mêmes!), agencés de manière diverse donnant l'illusion (surtout publicitaire) de nouveautés. Si nous les présentons, c'est parce que par rapport à certaines productions qui semblent pilotées directement par les armées, ces matériels présentent d'autres qualités : par exemple un ton bien plus critique envers les autorités militaires, un discours axé sur les témoignages des combattants, voire parfois une orientation directement pacifiste....

 

   En matière de matériel bricolé, la série des trois DVD présentés dans un beau coffret métallique (alors que leur durée est vraiment courte) sous le titre 14-18, la première guerre mondiale, tragédie d'une guerre, est vraiment un modèle.

Produit et réalisé par Carl FISHER en 2000, diffusé par Images of War, le premier DVD - La grande guerre - renferme uniquement un documentaire de 57 minutes, intitulé bizarrement Le Front Ouest 19616-1918, qui raconte en fait depuis le début la grande guerre, suivant un récit historique, où est mis en valeur d'ailleurs l'engagement américain, formé d'archives en noir et blanc, commenté en français par Pierre MIQEL.

Produit par Isaac KLEINERMAN et Jolem SCHARWICK, en 1995 (Columbia), le second film porte donc, sur le second DVD - Tragédie d'une guerre - un documentaire d'une heure onze minutes, formé d'archives en noir et blanc de nombreux pays, avec le même commentateur français, divisé en quatre parties : Verdun, La bataille de Jutland, La Somme et 1918 A nouveau la Marne. En fait, il y a de nombreuses redites par rapport au premier DVD et la même démarche quant à l'intervention américaine.

Le troisième DVD - Paroles de poilus - comporte en fait un documentaire de 56 minutes,  toujours en noir et blanc, qui, lui aussi reprend la première guerre mondiale depuis le début, mais ponctué de citations des lettres d'un polu, Havilland LEMESURIER, mort en 1916 en tranchée à la bataille de la Somme, ce qui n'empêche le documentaire (produit et réalisé par Carl FISHER) d'aller jusqu'à la fin de la guerre....

 

    

 

    A l'inverse d'un bricolage,  14-18, de Jean AUREL, avec la collaboration comme scénariste de Cécil SAINT-LAURENT, réalisé en 1964 (un avant avant La bataille de France 1940 évoqué précédemment), est un véritable documentaire d'auteur, à contre-courant d'ailleurs du courant documentaire dominant sur la première guerre mondiale. L'écrivain anarchiste de droite imprime sa marque dans le commentaire qui court tout au long du film, en noir et blanc d'1 heure 27 minutes. Son ton sarcastique (sur les dirigeants politiques et militaires), critique, court tout au long de cette évocation qui se veut plus politique qu'historique. A défaut de faire comprendre réellement les manoeuvres militaires, sans perdre de vue une bonne vue d'ensemble de l'évolution de la guerre, le film restitue bien l'esprit et les sentiments des participants directs, que ce soit des soldats (évocation des mutineries et des véritables opinions des poilus) ou des civils de l'arrière. Un gros travail de remastérisation et une version sous-titrée pour malentendants donne à ce documentaire une belle valeur.

Les deux très courts métrages, commentés ensuite par Laurent VÉRAY (qui raconte les circonstances par ailleurs de la réalisation du film de AUREL), mettent en valeur deux aspects particuliers de l'abondante filmographie de l'époque : le mélodrame (deuil et traumatisme) autour d'une fiancée d'un soldat qui meurt au combat et la propagande (Souscrivez à l'emprunt de guerre!) pour l'armée.

 

- On peut se passer du visionnage des 12 DVD rassemblés dans le coffret "Encyclopédie de la Grande Guerre 1914-1918, produit par CBS NEWS au milieu des années 1960 et commenté par l'historien spécialiste Pierre MIQUEL. Malgré un chapitrage qui permet de voir un aspect du conflit armé et la possibilité d'en voir beaucoup d'aspects, ces 12 DVD, archives américaines en noir et blanc et doté d'une musique tapageuse et parfois triomphaliste, fleurent bon une vision officielle, propagandiste. Cette vision de la première guerre mondiale vue du point des alliés et parfois même surtout des américains n'offre pas les perspectives multiformes d'autres documentaires. Sans compter un anti-communisme qui éclate sur certains DVD et un point de vue bien à soi des dirigeants économiques et politiques de l'époque.  Reste la curiosité de voir des archives presque brutes montrées alors sur les écrans américains aux actualités précédent le film... On aurait aimé, pour chaque DVD (d'une cinquantaine de minutes seulement pour chacune) des "bonus" critiques et explicatifs... Disponible sur le site militaris.fr

 

     14, des armes et des mots, documentaire en 8 volets de 52 minutes chacun, produit en 2014 pour le centenaire du début de la première guerre mondiale, réalisé par Jan PETER, est l'un des meilleurs produit sur ce sujet ces dernières années. Docudrame plutôt que documentaire car il mêle des scènes reconstituées à des images d'archives, selon une trame qui permet à la fois de voir cette guerre avec les yeux de ceux qui en ont soufferts au premier plan (14 destins de nombreuses nationalités) plutôt qu'avec ceux des états-majors et de comprendre mieux comment se sont déroulés les événements. Surtout, pensons-nous, cette série reflète mieux l'ambiance de cette guerre et sa logique d'épuisement des ressources et des populations. Elle permet de voir en particulier pourquoi l'effondrement de l'armée allemande parait avoir été si subit (et pas seulement avec l'arrivée des troupes américaines), les Allemands étant les plus affamés et les plus meurtris par cette guerre. L'ambiance insurrectionnelle et révolutionnaire des années 1917-1919 est bien rendue et on peut mieux comprendre comment les grandes monarchies et le grand mouvement des peuples insurgés ont pu avoir lieu - et comment est survenue la grande grippe espagnole qui fit plus de morts et de disparus que la guerre elle-même... Le récit d'ensemble, très maitrisé, s'il n'aborde pas tous les aspects de la Grande Guerre, jette la lumière sur des faits longtemps occultés : l'organisation de la prostitution militaire massive, l'explosion des revendications populaires, l'écart des situations entre riches profiteurs de guerre à l'arrière et pauvres sacrifiés dans les tranchées sur le front des batailles, l'énorme masse des blessés et des mutilés qui pèse sur l'histoire à venir de l'Europe...

 

 

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Complété le 22 octobre 2020. Complété le 4 novembre 2020

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17 septembre 2020 4 17 /09 /septembre /2020 09:03

   Depuis quelques années l'engouement dans le grand public émerge sur les événements de la Grande Guerre, engouement qui rencontre justement l'ouverture de certaines archives publiques à l'investigation des historiens. Malgré la création tardive pour certains pays, des équipes cinématographiques ont été très tôt dépêchées sur les différents fronts, alors même que se perdure une tradition de reconstitutions après-coup des combats. C'est bien entendu dans l'après-guerre que se multiplient les oeuvres cinématographiques de fiction, une grande partie d'entre elles ayant une tonalité franchement pacifiste ou/et antimilitariste.

   Comme pour la seconde guerre mondiale, nous proposons de dérouler les thèmes majeurs de cette guerre, batailles, arrières, aspects politiques, économiques et sociaux, même si, en fin de compte, la cinématographie, toutes techniques confondues, est moins riche pour la première que pour la seconde guerre mondiale. Comme l'abondance filmique est moindre, Comment voir la première guerre mondiale, la série d'articles, se déroulera au gré des recherches, notamment dans les archives, et pour l'instant sera moins systématique que pour Comment voir la seconde guerre mondiale.

 

Proposons donc d'abord deux grands documentaires, qui couvrent l'ensemble de la première guerre mondiale; de son prologue à ses conséquences : Apocalypse, la première guerre mondiale et La grande guerre.

Le premier est une production française, dans le sillage du succès de l'opus consacré à la seconde guerre mondiale, avec le même principe : archives colorisées et sonorisées et intervention de nombreux intervenants, présentation d'une famille et de son vécu tout au long de la guerre, récit clair ne voulant négliger aucun aspect, avec éventuellement des prises de position sur certains points historiographiques.

Le deuxième est un point de vue états-unien, sous la bannière des AAA, où intervient souvent l'historien Gary RHAY, diffusé sous l'égide  du marathon Music and Video (MM & V)Production, en 1998. Il met bien en perspective les évolutions technologiques, industrielles et politiques du début du siècle et fait bien comprendre les "hésitations" des États-Unis pour s'engager dans la Première Guerre mondiale. Archives en noir et blanc, aux images assez peu courantes en Europe.

Les deux documentaires possèdent leur propre dramaturgie et ont un rythme propre à retenir constamment l'attention.

Chacun est divisé en plusieurs parties : 1- La furie, d'Apocalypse montre la complexité des rivalités européennes et le déclenchement de la guerre ; 1 - Prélude à la bataille, insiste sur la situation des États-Unis et ses engagements internationaux à l'orée du conflit (tout à la fin, on se trouve assez bizarrement plongé aux conséquences de la guerre, mais il ne faut pas oublier que le documentaire semble d'abord destiné aux institutions scolaires et universitaires (aux programmes  audio-visuels bien plus élaborés qu'en France) et présentable partie par partie - parfois d'ailleurs une seule partie est présentée  aux élèves...).

Ne pas omettre de visionner le bonus, qui constitue un véritable complément, pour comprendre la manière dont est conçue cette série documentaire, et in fine, cette manière de voir la première guerre mondiale...

   Réalisée antérieurement  à plusieurs décades d'Apocalypse, cette série américaine est très centrée non seulement sur les États-Unis, mais sur l'armée américaine. Avec l'appui certainement des services de "communication" de l'armée, ce documentaire, surtout dans ses parties 3 et 4 (Commandement et L'éveil de l'Amérique), a des accents hagiographique (oh, ces glorieux chefs!) et patriotiques (ce long chant à plusieurs de la fin), ce qui en fait une véritable apologie de l'armée, avec ce complaisant historien... Il vaut le visionnage, témoignage d'une manière de voir la première guerre mondiale pas si lointaine et aussi pour ses images montrant des aspects peu montrés à l'écran (sur le plan technique des armements notamment)...

 

   Comme pour la seconde guerre mondiale, on peut mieux comprendre la première, vue à travers les images, qu'à travers la lecture qu'en proposent les historiens. On ne saurait trop recommander à ce point de vue la lecture du livre somme de François COCHET, agrégé et docteur en histoire, professeur émérite à l'université de Lorraine-Metz, La Grande Guerre, paru en janvier 2018 aux éditions Perrin.

 

 

   Signalons, pour suivre l'historiographie et s'informer de maints aspects de la première guerre mondiale, la revue 14-18, qui, si elle aborde cette guerre principalement sous l'angle des opérations militaires, peut être très utile.

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Complété le 11 novembre 2020

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